Alors, le nationalisme...
Tout d'abord, le concept de nation procède à une division arbitraire de l'humanité, en nations. Dans sa définition philosophique, le nationalisme a pour but de fixer les "bonnes frontières", c'est à dire celles qui "doivent" être faites, et ce sont celles des nation.
Or, comment allier cela à une division arbitraire ? C'est impossible.
C'est pour cela que le nationalisme a tenté de se défaire de ce caractère "arbitraire", par plusieurs moyens.
Je vais commencer par parler de la division "scientifique", et plus précisément biologique. Exemple frappant s'il en est puisque ce genre de nationalisme fut à l'origine de deux guerres mondiales, dont on retient surtout le passage emblématique reste celui du nazisme et de la division par "race".
Cette division préconisait une division par "race", c'est à dire qu'une personne devait être d'une certaine nationalité, dans un même groupe face aux mêmes adversaires car cette personne possédait un certains nombre de gènes en commun avec des personnes du même groupe. En effet, nous étions sur une vision de la théorie de l'évolution qui, naturellement, incitait à une division génétique applicable chez l'humain (en plus d'une notion de supériorité de certaines "races" !).
Les avancées scientifiques montreront que c'est faux. L'espèce humaine fut bien trop brassée, et son éparpillement dans la planète depuis l'Afrique est bien trop jeune pour que l'on puisse parler de races comme celles de chiens par exemple. Depuis, ce type de nationalisme est, heureusement, presque mort, même si sa flamme s'attise facilement. Ainsi, le nationalisme prend aujourd'hui un autre chemin pour justifier les divisions, généralement celui d'une certaine culture et histoire commune.
Pourtant... Le principe du nationalisme reste intrinsèquement faux. La raison est simple : il franchit le "is-ought gap" théorisé par Hume.
En d'autres termes, cela signifie que le raisonnement : "A fait B, donc A doit être C" est par essence faux. Les faits ne permettent pas de donner un commandement moral. Appliqué au nationalisme, on obtient : "La culture de A est B, donc il doit faire partie de la nation C".
Cela dit, vous me contesterez peut-être la validité du "is-ought gap" de Hume. Le fait brûle, c'est un fait. Et ainsi, il ne parait pas aberrant de dire que pousser quelqu'un dans le feu n'est morale. Mais, contrairement à ce que l'on pourrait penser, il ne s'agit pas de la même chose que le "is-ought gap". Ici, on considère la morale à partir de conséquences : Le feu brûle, donc ce n'est pas moral de brûler quelqu'un. Je ne vais pas rentrer dans le débat entre le conséquentialisme et la déontologie, ce n'est pas le sujet qui nous intéresse, donc je vais en rester à l'exemple des conséquences conséquences.
Or, quand on franchit le "is-ought gap", on ne raisonne pas en fonction des conséquences. Ou plutôt, on les considère comme bonne du fait de leur seul existence. Oui, c'est complètement con, et c'est qui rend logique la théorie de Hume !
Pour illustrer cela, on peut prendre l'exemple du naturalisme (une de ses définitions du moins) selon lequel, "si des animaux font X, alors la morale veut que l'humain fasse X". Et, d'après ce que nous avons plus haut, c'est complètement faux. Cela n'en demeure pas moins instinctif, puisque, comme l'enfant, nous avons parfois tendance à nous laisser guider sans utiliser notre raison. Mais ça, c'est encore une autre histoire, que j'évoque souvent et que j'évoquerai probablement plus en détails un autre jour.
Néanmoins, vous voyez où je veux en venir ? Le nationalisme est une sorte de naturalisme politique. Certes, qui actuellement ne repose pas sur la nature mais sur la culture, mais le principe reste identique.
Cette doctrine est donc fausse, car le découpage, contre vents et marées, reste arbitraire et donc faux.
Cependant, cela ne signifie pas que l'humanité ne soit pas indivisible.
Mais cette division doit se faire par la volonté des personnes. Pour le nationalisme, la nation est objective, alors qu'elle doit être subjective. De fait, si les gens choisissent de préserver une certaine culture (au niveau régional par exemple), ils ne seraient pas obligés de se plier à celle qu'exigerait l'objectivité du nationalisme, car celle-ci n'existerait pas !
Le nationalisme vit lorsque les gens y croient. Lorsque les gens sont persuadés que leurs différences avec d'autres les obligent, moralement, à agir d'une certaine manière.
Et comme la plupart des théories fausses, ça casse. La rigueur du nationalisme rend immuable les déplacements, et un groupe fermé se constituant, naturellement, par rapport à d'autres (fait de psychologie, et d'interprétation des choses par l'esprit. Mais ça, c'est aussi une autre histoire), et puis en oppositions avec ces autres... Et là, ça fait boom.
Là, ce fut pour la philosophie.
De manière plus générale, on peut s'interroger sur la construction, la nature et les conséquences du nationalisme, ce que vous avez déjà fait en grande partie.