Une légende de Sombrelune

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Aléquia
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Une légende de Sombrelune

- Dîtes moi un chiffre.
- Quatre.

Et les mains de Junie s'envolèrent. Le badaud qui se trouvait devant elle ne savait pas encore qu'un véritable ballet de cartes venait de commencer sa représentation. Puis une coupe, puis une seconde. Deux cartes se retournent, et trois s'en vont. Et le tour recommence. Le client en perd le fil, et la manœuvre ne prend intérêt que d'un côté purement visuel. Il avait dit quel chiffre déjà ? Quatre. Donc quatre tas se forment, pour la forme ; le nombre n'avait aucune importance. Elle connaissait déjà l'ordre et la nature des cartes qu'elle tireraient. Ce n'était qu'un gage d'Illusion parmi d'autres.

Tout ce qui suivrait était ainsi minutieusement planifié. Le schéma est simple. On commence par une prédiction simple de bonne santé et de bonne aventure. On l'enrobe évidemment de banalités occultes, sésames d'authenticité. Puis on y ajoute quelques bémols aléatoires, qui s'évanouiront sitôt que le client aura en sa possession pléthore d'amulettes et autres talismans en promotion.

- Votre Ascendante est "Séisme". Votre Descendante est "Folie". En Aile du Cœur vous avez "Maelström". En Aile de la Richesse "Croisade". Votre atout est "Illusion".

Junie leva un sourcil. Ce n'était pas l'ordre prévu. Une erreur s'était sûrement glissée dans le mélange. Complexifier la seconde relance était une mauvaise idée. Elle ne la tenterait plus désormais. Mais ce n'est pas si grave. C'est une étourderie qui arrive même aux meilleurs. Elle sait d'expérience comment la rattraper.

Il est faux de dire que les gens ne connaissent rien à la voyance. Ils ont en tête tout un folklore plus ou moins délirant ; et c'est le plus important. Ils s'attendent à ce que la représentation soit compliquée. Ils espèrent ne rien comprendre aux rites de la medium. Et en bonne commerçante, Junie exauce leur souhaits. Elle n'est pas avare sur les artefacts. Elle leur fait sentir les arômes d'âges anciens et d'ancêtres factices. Plus c'est lourd, plus c'est crédible. Réparer une erreur n'est pas compliquée : il s'agit seulement d'ajouter cinq minutes de spectacle.

Junie se leva. Elle alluma quelques cierges, offrit une ou deux incantation, puis tourna autour de la table, regard fixé sur les cartes. Ce petit manège devait lui permettre de gagner le temps nécessaire à la remémoration des significations et associations du Tarot de Sombrelune. L'opération se fit sans accro. Elle avait l'habitude, et ne détestait pas ce rôle d'actrice amatrice. Si elle devait refaire sa vie, peut-être... Elle déposa une gravure sur la table, puis reprit.

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"Séisme" représente la force et la terre. En Ascendante, c'est un bon signe. Gardez toujours un œil sur le sol. Si vous restez lié à lui, vous avancerez. Attention, nous sommes tous passifs face au séisme ! Sachez composer avec lui. Contraindre la terre est toujours une erreur. Mais ne vous en faîtes pas : les cartes sont optimistes.
"Folie" en descendante est inquiétant. Allez toujours tout droit, ne vous retournez pas. Les regrets sont un rien qui tourmentent. Si une voix vous conseille de descendre : c'est elle ; la folie. Mais ce n'est pas si terrible : un esprit droit et une volonté stoïque devrait vous permettre de l'éviter. Mais "Folie" signifie également l'innocence. Certaines forces nous dépassent. Si jamais vous subissez un échec, ne vous en accablez pas.
"Maelström" en Cœur est ambigu. Tout tourne autour de votre bien aimé. Vous ne pouvez pas y échapper. Combien de temps vous y resterez prisonnier ? Les arcanes sont muettes à ce sujet. Je peux seulement vous assurer qu'un jour vous attendrez son cœur. Et comme celui du Maelström, personne ne sait ce qu'il renferme.
"Croisade" en Richesse est noble. Vous savez vous battre pour votre cause. Que vous le trouviez en chemin ou non, l'or ne vous sera d'aucune utilité. Il vous suffit seulement de garder une volonté ferme, et tout vous réussira. La fortune se trouvera peut-être au bout de vos efforts !

- Et pour l'Illusion ?

Junie lança un bref regard sur le côté. Signe infime d'une légère exaspération. Elle avait totalement oublié la signification de l'Illusion en atout, et avait espéré que son client ne fît pas attention à ce détail. Une hésitation pareille lui avait coûté dix or la semaine dernière. Il s'agissait dès lors d'improviser, et surtout de ne pas perdre de temps. Nez piqué contre la table, Junie simula une nouvelle expérience mystique. Après quelques minutes de réflexion, elle releva la tête et entama une nouvelle déclaration.

- L'illusion en atout est étonnante. La vérité n'est pas toujours là où on le pense. L'Illusion peut être néfaste ! Les apparences trompent. N'oubliez jamais de regarder derrière les choses. L'Illusion peut être bénéfique ! Le réel mérite toujours toujours d'être un peu enrobé. Sachez que l'atout oriente les autres cartes. Dans le doute, référez-vous à celle-ci. Quoique vous fassiez, cherchez-y l'Illusion.

Et Junie relâcha sa respiration. L'heure était à l'inspiration. La maîtrise fut fluide, l'ensemble cohérent : il n'y avait rien à redire sur sa performance. Satisfaite d'elle-même, Junie ne chercha pas à réprimer une petite satisfaction intérieure. C'était un luxe qu'elle ne pouvait pas se permettre de prolonger. L'affaire n'était pas finie, le client était encore là. Elle devait encore lui vendre la moitié de ses bibelots. Et elle se sentait confiante. Il n'y avait plus qu'à…

- Vous venez de me décrire.
- Pardon ?

Parfois les clients répondent. Souvent, ils cherchent vainement des éclaircissement. D'autres s'insurgent et enfin les derniers rient. C'est toute une typologie qu'avait appris à reconnaître Junie. Des armes verbales étaient finement taillées en fonction de chacune d'elle. Et d'un coup, un type vient et casse. Une seule petite phrase, rayonnante d'absurde. Elle venait de se faire souffler, ni plus ni moins. Ça arrive ! Mais sa grande erreur fut de laisser son trouble se dessiner au visage. Cela suffit à convaincre son interlocuteur d'enchainer.

- Laissez-moi vous raconter mon histoire.

Laissez faire le client, c'est mal. Junie aurait dû répondre. Junie aurait dû détourner la conversation. Et Junie n'a rien fait. Elle réfléchissait et se taisait. Laps de temps court mais sensible, dont profita le nain pour entamer son récit.


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Séisme.
J'ai cherché la terre à son berceau. La Grande Kalimdor comme on dit. Si tu dois savoir une seule chose sur moi : j'aime voir les choses belles. Et l'espèce de boue qui trainasse vaguement entre les hurans et la plantaille : c'est laid. La Roche, la vraie, se trouve là où elle est seule maîtresse : le ciel. J'ai grimpé les pitons de Kalimdor. Dévalé les escarpements de Mulgore. J'y ai vu les deux faces de la Terre.

La première est nue. La végétation a déjà fait ses bagages. Mêmes les piafs n'y restent plus. C'est celle des pitons. On y monte jusqu'à ne voir plus qu'elle. Et c'est là, et uniquement là, qu'elle se révèle sous toutes ses formes. Rouges, grises, sableuses : les teintes pures se confondent et coexistent sans jamais se mélanger. La seconde face est lointaine, saisissante. C'est la vue. Les plaines gigantesques de Mulgore ! La Terre qui montre la vie en grand. Mais c'est seulement après que j'ai compris la signification de "Séisme".

La regarder et la toucher ne suffit pas. Il faut la vivre. J'ai marché sur les crêtes. J'étais au sommet, et je comptais bien y rester. J'ai longé. J'ai pris le chemin le plus difficile. C'était complétement irrationnel. Mais c'est ça, le séisme. Accepter et suivre la terre comme elle est : tortueuse et cassée. Et c'est comme ça qu'elle s'est affichée. Au bout, qu'est-ce que j'y ai trouvé ? Un camp gnoll. Ça se passe de commentaire.

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Folie.
Les proverbes ne manquent pas sur la folie. On dit que c'est une bête aveugle. Qu'elle tape de la manière la plus juste possible : le hasard. On ne la cherche jamais. C'est elle qui nous trouve. Elle est un peu comme la mort ; en moins drôle.

Tout ça, crois-moi, ce sont des conneries. La folie ne bigle pas. Au contraire, je peux te le dire : elle me faisait même carrément de l'œil. Et puis on peut la chercher. Il suffit seulement de savoir où elle est. Prend ton globe, tourne le. Lorsque tu te retrouveras face à un nom (garde patience, il tombe toujours), un malheureux petit nom, tout tes doutes s'évanouiront. Bon prince, je te donne la réponse : Ahn'Qiraj. Une cité pleine d'homme-insectes corrompus jusqu'à la moelle. Bastion des Très Anciens. Cœur de la guerre des Sables changeants. Un rêve pour tout un chacun en somme. Et moi, je suis entré là-dedans.

Que diable suis-je allé y foutre ? Bonne question. Pour être franc, il s'agissait d'une sombre histoire de gnomes (évidemment), mais ce n'est pas le plus important. Puis j'aurais pu me débrouiller pour rester à l'extérieur. Mais je voulais aller jusqu'au bout. Je suis allé jusqu'aux profondeurs du temple. Là où reposait la chose selon les histoires des guerriers de la seconde guerre.

Je ne suis pas bête. Je sentais la folie du lieu s'immiscer en moi. Mais je continuais. Tu l'as dit toi-même ; face à la folie, il faut rester ferme. Même quand on descend. Même quand on se jette dans sa gueule. Je ne nie pas que je me pissais de trouille ! Il est difficile de rester calme quand les murs autours de toi s'évaporent à vue d'œil. Mais j'ai continué. À force, on s'en doute, on finit par la trouver, par surprise. C'est ça, la folie. Elle est exactement comme on l'imagine. C'est un terrain ; vide. Une plaque blanche où ne se trouve rien à part un toi-même qui gesticule.

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Maelström.
Je ne me suis fait piéger dans ce tourbillon. Si ça se trouve, c'est peut-être drôle comme sensation ; même si je pense qu'on s'y retrouve surtout très mort. Quoiqu'il en soit, je crois avoir vécu une expérience similaire. J'étais prisonnier d'un tourment qui m'amenait vers un inexorable inconnu. La plaie du cœur : la perte d'un être cher. Le Maelström surprend. Je ne m'attendais pas aux hommes en bleu qui sont venus me chercher chez moi. Le Maelström emprisonne. Ainsi mon histoire commence-t-elle par une geôle.

Elle était blanche, totalement immaculée. Il n'y en avait pas deux en Azeroth. Si je m'en suis sorti, c'était uniquement grâce à la ruse. Mais je n'étais pas libre pour autant ! Ça tournait, et encore. Je passais d'une île à une autre. Elles étaient toutes fantastiques. Elles piétinaient joyeusement ma rationalité jusqu'à ce que je finisse par les admettre. Car elles avaient une vraie volonté, ces îles. C'est ça, le Maelström.

Ce que j'y avais perdu, je ne l'ai pas retrouvé. Pendant un moment, j'ai cru l'inverse ! C'était une blague. Je n'ai pas peur du mot. C'était complétement trivial. Une forme de délire ambiant. Un manège débile qui ne sait que tourner. Et puis pourquoi pas. Rajoutons-en ! Quitte à se faire aspirer, autant s'en amuser. Et comme ça je me baladais dans des coquillages géants. Pour te dire à quel point j'étais atteint, sache que j'ai fini par trouver tout ça logique. Je crois que c'est à ce moment que j'ai trouvé le cœur. Il ressemblait à une fenêtre. Comprend donc que j'ai sauté dedans.

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Croisade.
Pense à une chose immense. Maintenant, agrandi-la une dizaine de fois. Et refait-ça : encore et encore ! Et quand tu auras atteint les frontières de ton imagination, tu auras peut-être l'once de l'idée de ce que j'ai enduré. J'ai assisté à la création. De notre monde, oui. Tout le monde a sa petite idée là-dessus. Je ne sais pas qu'elle est la tienne, mais elle ne doit pas être tellement différente de la mienne, avant. On s'imagine souvent des êtres gigantesques. Ils lèvent les bras, et surgissent des terres dans une perfection qu'elles ne retrouveront plus jamais. Tout est magique, extraordinaire. On ne peut pas penser autrement l'œuvre de Dieux. Mais la vérité est plus prosaïque ma chère.

Azeroth a été construite comme n'importe quelle bidule gnome. C'était un joyeux bordel. Imagine un petit moment : Les régions et contrées découpées, dispersées aléatoirement sur une longue plaine immaculée. Un puzzle sans ordre ni but. Le passé et le futur s'entrechoquent. Les jours ne sont pas très prêts. Je vois Arthas répandre la peste sous un soleil radieux tandis que des gobelins dansent sur une île en plein hiver. Puis des elekks volent. Je ne sais pas trop comment, ni trop où, mais ils volent. Et je suis sûr qu'en fouillant un peu, je me serais retrouvé moi-même me regardant arpenter ce monde en construction. Je ne suis pas à un paradoxe près ! Mais là croisade ne commence pas là.

J'ai rencontré les créateurs. Nos Dieux : les Titans. Un regard et ils me balayaient. Un souffle et ils retournaient le ciel. Et moi, je faisais quoi ? J'étais à poil. Et j'avançais. Tant que j'étais vivant, quel était le problème ? Je me battais sous l'emprise du désespoir. J'étais un croisé sans idéal. Ou alors peut-être que seulement chercher à survivre, vouloir se tirer de ce putain de là, en est le plus grand de tous ? Je ne sais pas, et je m'en foutais. C'est ça, les croisades. On ne doute pas. On ne doit pas douter. Et enfin, et c'est ce qui fait leur charme : on triomphe. Comme tu peux le voir : je suis encore en vie.

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Junie passa un moment à dévisager son client en clignant des yeux. Elle ne savait pas trop où le situer entre la mythomanie et la mégalomanie. Ce n'est pas que son histoire était inintéressante. D'aucun dirait qu'elle était même divertissante ! Mais la présenter comme véritable demandait proprement un culot – c'est le mot – titanesque. Un égo sans limite. Et tout l'attirail philosophico-mystique donnait une teinte aussi ridicule que sublime à l'ensemble. C'est le secret pour fasciner le peuple. Elle en était presque jalouse. un spécimen de cet acabit, on n'en rencontre qu'un dans une vie. Aussi ne se n'hésita-t-elle pas à demander la suite de l'histoire.

- Et pour l'Illusion ?
- Ce n'est pas moi la voyante ici.

Junie secoua la tête. Cette réplique eu l'effet d'une douche froide. Il avait totalement raison. Elle devait absolument se ressaisir. Ne jamais oublier qui on est, ce qu'on fait, et l'or reposant dans les bourses. On peut donc sans peine placer la réaction de Junie sous le signe de la précipitation.

- Personne ne commande la chance ; mais une petite réserve de bonne fortune aide pas mal ! On ne fait pas mieux que les amulettes de bonheur Grumelot. Je vous en donne six pour une dizaine de pièces d'or ; seulement car c'est vous. Mais en plus, il faudrait que vous…

Le nain avait d'ores et déjà quitté sa chaise, et venait de franchir le seuil du pavillon. Junie soupira. C'était un échec cuisant. Les trois malheureuses pierres d'or affalées sur la table n'arriveraient pas à le compenser. Elle ne croyait pas qu'elle avait encore oublié les premiers enseignements de Sayge. Le paraître, tout est dans le paraître. Elle doit dominer ses clients, et ils doivent le sentir. Sinon elle est aussi voyante que le premier murloc venu.

Junie se prépara à ranger ses affaires. La journée était terminée depuis déjà quelques minutes, et les derniers visiteurs ne devraient plus tarder à quitter l'île. Elle détacha quelques coquillages de sa chevelure presque rousse, et se mis à un rapide inventaire. Ses maîtres exigeaient en permanence des compte-rendu détaillés de la recette du jour. Tout était planifié dans le détail selon un rituel de petites colonnes et sous-catégories. On ne plaisante pas avec l'or à Sombrelune. Ce n'est qu'après le noircissement de quelques pages que Junie réalisa à quel point la semaine fut mauvaise. Quand par miracle de rares clients daignaient payer les prédictions, ils n'achetaient jamais les grigris et autres fétiches dérivés. Ces derniers alourdissaient les stocks depuis des mois ; et le budget s'en faisait ressentir. Le responsable se trouvait probablement dans la morosité ambiante. On accepte mieux l'avenir quand on ne le craint pas.

L'or réglé, Junie s'affaira au tri de ses affaires. Elle n'était pas une mauvaise travailleuse. Si elle n'était pas insensible à l'attrait de la sainte paresse, mettre les choses en ordre ne la rebutait pas. Elle finissait même par y prendre un certain plaisir. Mais toute cette bonne volonté se trouvait face à un adversaire de taille. De toutes les représentations possible d'une foire, une seule constante s'y retrouve : le bordel. C'est un mot vulgaire, agressif ; exactement comme la pile de caisses du fond. Cette abomination de désordre semblait devoir éclater à tout instant. Junie contempla le monstre quelques secondes. La perspective de lui refaire une beauté lui parue rapidement insensé. Elle se rabattit immédiatement sur les petits accessoires. Elle attaquera la chose une fois quand elle sera un peu échauffée. Les mouchoirs et rubans regagnèrent rapidement leurs places. Elle trouva à terre une de ses vieilles photo - du temps où on la surnommait encore "miss Meller" - qu'elle s'empressa de cloisonner dans un tiroir.

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Elle réunit ensuite les cartes, puis, à la manière d'un rituel, se mit à les compter. Quatre, huit, douze… Quinze… ? Il en manquait une. Après un rapide revue, elle identifia la disparue : l'Ouragan.

Junie commença par regarder mécaniquement sous les tables jusqu'à ce qu'un doute la tirailla brusquement. Sueur froide. L'hypothèse qui venait de traverser son esprit était dramatique. Elle oublia toutes ses occupations et se jeta sur l'une de ses armoires. Elle en sortit sans peine un carnet qu'elle se mit aussitôt à explorer. La page de l'Ouragan se trouvait entre celle du Volcan et du Séisme, série de la destruction. Chacune de ses pages était constituée du nom de la carte, d'une image de celle-ci, et d'une brève description des légendes qui courent à son sujet.

La Carte de l'Ouragan, de la série destruction, apporte Adresse à son porteur. On dit qu'elle en appelle à la nature pour renforcer le pouvoir de son possesseur.

Junie balança son carnet. Enfoiré de chasseur ! Elle comprit brusquement la raison de son interminable bavardage. C'était tellement évident pourtant ! Et elle, comme une novice, est restée cruchement fascinée par ses histoires débiles sans se méfier une seconde. Pourtant le coup du nain kleptomane est un classique. Ce n'est pas le premier, ce ne sera pas le dernier ; et entre les deux on en attend un bon trouzmillion. Elle se passa les mains dans les cheveux. Il n'en faut pas plus pour devenir la risée de la troupe. Avec une erreur pareille, Junie est fin prête pour quelques mois d'entretien aux kodos.

La perte de cette carte en particulier la désola profondément. Les personnes qui possèdent la collection complète se comptent sur les doigts d'une main de troll. Il s'agissait d'un travail de longue haleine. Elle n'hésitait pas à parler d'héritage familiale. Récupérer cette carte allait exiger de longues négociations avec Silas lui-même. Junie soupira. Elle ne s'en sentait tout simplement pas la force pour le moment.

Elle se sentait écrasée par les évènement. On peut la comprendre. Mais elle ne l'admettait pas. Ce n'est pas comme ça qu'elle se rêvait. Elle se dressa de toute sa (petite) hauteur, et hurla en direction de l'entrée :

- L'Ouragan est dépassée depuis deux ans ! Tocard !

Mais le temps passait. Son indignation ne changerait rien à l'avancement de ses travaux. Elle se remit passivement à son rangement.
La nuit était déjà tombée lorsque Junie quitta enfin la tente. Tous les portails étaient fermés, et la plupart des forains se prélassaient dans les bras de Morphée. Les dernières présences de vie qui se trouvaient encore sur l'allée était un cracheur de feu et un gnoll ivre mort. Mais c'est un navire s'éloignant lentement de la côte qui eut l'honneur de retenir l'attention de Junie. Les ports étaient censés clore bien avant. Elle s'enquerra d'aller questionner le cracheur à ce sujet ; le gnoll n'étant visiblement pas en état de tenir une discussion.

- Celui qu'on voit là-bas, prêt de la côte ? C'est un convoi. On rapatrie les derniers visiteurs. Tu n'es pas au courant ? On a eu des problèmes avec les portails. Une majorité a sauté tandis que deux ou trois offraient un aller-simple dans le néant distordu. Je ne te raconte pas le désastre. Silas était furieux. Finalement, on a retardé un navire. Moitié par miracle, moitié grâce à Burth, on réussit à y faire entrer tout ce beau monde, et, comme tu peux le voir, il vient tout juste de quitter le port.
- Et il se rend où ?
- Il va jusqu'à Tanaris. Je ne sais pas si tu connais. Il s'agit d'une région désertique habitée par des gobelins, des trolls, des insectes et une poignée de pirates. Que des gens recommandables ! Elle n'a volé sa réputation de terre sauvage notre chère Kalimdor.

Junie ne répondit pas. Elle ne faisait plus attention à rien.
Seul le nom résonnait. "Kalimdor"

Ustas
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Re: Une légende de Sombrelune



Je m'attendais à compte-rendu d'essploration inédite à Sombrelune (de Saouline en plus !), alors je dois avouer que j'ai d'abord été un peu déçu, mais c'est très bien écrit, j'ai pris du plaisir à le lire et j'espère qu'il y a une suite de prévue.

/clap
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carlitall
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Re: Une légende de Sombrelune

L'avant dernier screen... OMG oO. Quelle pureté, bravo Saouline !

Nos coeurs d'explorateurs battent ensemble.
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Aléquia
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Re: Une légende de Sombrelune

Merci à vous !

Pour te répondre Ustas : je comprends farpaitement cette petite déception. Je me suis doutée que le titre apporterait quelques faux espoirs de ce côté-là.
Mais ne jouant plus, je me résous un peu à faire du patchwork (et même un compte-rendus de compte-rendus). En tout cas, je suis ravie que le texte t'ait plu.

Pour la suite ; je ne préfère rien dire dessus. Je fais généralement l'inverse de ce que j'annonce^^'.
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Yogakt
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Re: Une légende de Sombrelune

J'attend toujours la suite moi ! Je trouve le niveau littéraire très acceptable et j'ai pris autant de plaisir à lire le texte qu'a lire un livre, par contre moi, je ne suis pas déçu par le fait que se ne soit pas une essploration inédite de sombrelune, je suis même plutôt ravis !
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