Le précipice des nuages.

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Ironail
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Le précipice des nuages.

Le précipice des nuages.

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Le vent. Je ne l’avais pas senti effleurer mon visage depuis des années. Des odeurs de pain fraîchement sorti du four et d’épices de Kalimdor. Quatre ans, c’est trop long dans les cachots de Hurlevent. Quatre années de pénombre dans le crépuscule de ma vie. La prison est bâtie sous les canaux, alors l’humidité, le moisi et le pourri règnent en maître. Les hommes respirent l’air moite et empoisonné. J’ai inspiré cet air vicié pour un crime que j’aurais du commettre il y a quatre ans.

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Les grilles claquent dans un crissement de ferraille rouillée derrière moi, et je prends mon premier pas dans ce quatrième chapitre de ma vie. Mes bottes, volées d’une boutique de tannerie gobeline à Baie du Butin, épousent la forme de mes pieds comme auparavant. La sensation de pavés ronds et usé sous mes soles est merveilleuse. Mais je n’ai pas le temps de savourer cette liberté retrouvée. J’ai à faire. Un nain doit mourir par ma main cette semaine.

Le bruit du quartier du Commerce est une symphonie chaotique de marchands, de marchandises, d’escrocs, d’odeurs familières et de puanteurs exotiques; on dit que tout s’achète et tout se vend à Hurlevent. C’est terriblement faux. Il y a des gens qu’on ne peut pas acheter. Pas avec de l’or, en tout cas. Je n’ai pas un rond, mais ce problème est vite réglé dans les rues fécondes de cette ville ignoble. Une, deux, trois bourses bien dodues changent de propriétaire. Une partie de moi s’étonne du nombre d’étrangers qui exhibent leurs armures et leurs armes au marché du Vestanche. Ces hommes-pieuvres, d’où viennent-ils? Seraient-ce les mythiques Draeneis que certains prisonniers décrivaient à leur arrivée? Et tous ces elfes? Quand on m’a incarcéré, j’en avais vu trois dans ma vie, vêtus des couleurs de Sentinelles, qui se dirigeaient vers le Sénat de Forgefer. Désormais, les rues de Hurlevent brillent de leurs chevelures vertes, bleues et violettes, ainsi que leurs peaux azurées reluisantes. Il me faut quelque secondes seulement pour me souvenir de la direction de l’Hôtel des Ventes. Puis une seconde encore pour décider que je n’avais aucune envie de m’engouffrer dans la queue-entonnoir de cent personnes devant l’entrée.

Il est temps d’improviser un peu. Rebroussant chemin, je glisse dans une ruelle entre deux bâtiments. Là, parfait: une pile de caisses non surveillées. Mes bottes crissent de joie de grimper à nouveau. Une, deux, trois caisses arpentées, et j’inspire un grand coup. Il est dit que les nains sont des êtres souterrains qui préfèrent les cavernes à l’air libre. Pas moi. Sous le soleil, le vent dans ma barbe: voilà où je suis heureux. Je jette un coup d’œil à droite et à gauche dans la ruelle, puis j’me hisse sur le balcon au dessus de moi, et ensuite sur le toit.
De là, je cours sur les tuiles bleues de la ville jusqu’à atteindre l’Hôtel des Ventes. C’est gagné: ils n’ont toujours pas réparé cette fenêtre bringuebalante, et je me faufile dans le trou pour tomber silencieusement sur une mezzanine de stockage.

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“Jessie! Jessie Jaxon” je crie par dessus le bruit des enchères. Une des commissaires-priseuses se retourne, sa longue chevelure auburn virevoltant d’indignation. Puis son regard s’adouci, et la surprise se lit dans ses yeux. Elle fout des paperasses dans les mains d’un microbe qui l’emmerde, et se dirige vers la mezzanine.

« Ça alors, vieux. T’es de nouveau parmi les vivants! Putain, ça doit faire trois ans que j’ai pas vu ta sale gueule sur ce balconnet. »

Je grimace pour rendre ma sale gueule encore plus sale.

« Ouais, chuis sorti aujourd’hui ma poule. Dis, t’aurais pas des sabres pas chers dans tes p’tites listes? »

Elle acquiesce, disparait en dessous de mes pieds pour resurgir avec deux belles lames arrondies.

« Merci ma chérie. Ça m’fera combien? »

Elle sourit un sourire de carnivore financier.

« Quarante pièces d’or, le barbu. Pas une once de cuivre en moins. »

Pah. Autant pour moi, c’est une garce. Mais bon, elle est utile à connaître. Dès qu’un objet d’intérêt fait surface aux enchères, elle me prévient et m’indique qui l’a vendu, qui l’a acheté. Pour un type de mon métier, c’est très avantageux un contact comme Jessie Jaxon. Deuxième étape: Forgefer. Seulement… c’est assez compliqué pour moi, un membre du Gang des Coureurs de l’Orient, de passer dans le Quartier des Nains de Hurlevent, qui est sous le contrôle du Cartel Desgrises. Or, le tram des profondeurs est en plein milieu de ce quartier. C’est l’angoisse, j’vous dis. J’ai beau être un maître des déguisements en tout genre, ces types là, ils sont hargneux. Ils utilisent des chiens pour renifler l’odeur de nos tatouages. C’est dire à quel point ils sont obsessifs. J’essaye tant bien que mal de me faufiler dans le tram, qui bien sûr n’a qu’une seule entrée. Sans succès. Depuis mon perchoir sur des troncs d’arbres, je guette pour voir si la sentinelle s’endort, mais en vain. Et son caniche (enfin, c’est plutôt une hyène le bestiau) s’agite.

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Il est temps de passer au plan B: marcher. Un peu d’alpinisme après quatre ans dans une cellule où mes mains pouvaient toucher les murs opposés, ça ne m’fera pas de mal, si? Je passe à l’auberge et chez Le Randonneur des Carmines pour acheter de la corde, un silex et de l’amadou, ainsi que trois tranches de jambon sec. C’est parti. Je sors de la ville et je rentre dans cette forêt infestée de Defias. Bah, du moment que j’évite leurs campements, ça devrait aller. J’en ai peut-être amoché un ou deux des leurs pendant mon emprisonnement, mais je n’pense pas que c’était des mecs très haut-placés. Les montagnes qui séparent les royaumes des humains des terres dévastées plus au nord se dressent devant moi. Mais mes pieds eux, sont contents de fouler la terre de nouveau, et qui sommes nous sinon nos pieds? Je les laisse me porter, escalader et sauter d’escarpement en escarpement. Le soir venu, je tombe sur un petit campement abandonné. Le bougre d’Hermite a même laissé un petit tabouret pour le confort des jambes. Que demande le peuple?

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Je mordille le bout de ma vieille pipe, sans pour autant l’allumer, repassant mon plan en revue. La vengeance est un plat qui se mange froid et faisandé. Quatre ans de rancune, c’est suffisant pour rendre n’importe quel plat pourri. Une fois arrivé à Forgefer, il faudra que je fasse vite. Je pense qu’il est plus sûr de rentrer par la bouche de sortie de gyrocopters. C'est-à-dire, qu’il me faudra faire le tour vers l’Aéroport. Cet enfoiré pourrait avoir un indic’ qui le prévient de mon arrivée. Ensuite, je me pose près de son antre et je le zigouille sans faire de vagues.
Le trajet est long. Mes tranches de jambons me durent à peine trois jours, et par la suite, de la viande infâme de dragonnet noir me tient sur mes jambes. L’eau est noire de cendres dans les Steppes et la Gorge des Vents Brûlants. Je me sens comme le jeune microbe dans l’histoire du Seigneur des Bagues. Sauf que je n’ai pas mon pote jardinier qui m’accompagne. La région est désolée, et il fait infernalement chaud. Les heures sont aussi lourdes que la fumée grasse qui sort des entrailles de la terre. Les journées se distinguent l’une de l’autre non pas par le paysage ni par le coucher su soleil, mais par l état de ma gorge assoiffée. Je crache sans arrêt, de gros môlars noircis par l’air qui me suffoque.
Et puis, un matin, la roche cède place à de la neige grise et sale. Je prends cœur, et deux heures plus tard, je suis sur une crête de Dun Morogh. Deux jours de marche dans mon pays natal, et l’aéroport ce découvre devant moi. Le vent est glacé cette journée là, et il hurle dans les montagnes avec la force d’un millier de morts. Les pins fouettent et grincent comme des vieillards indignés, et le clair de lune baigne la scène de sa lumière sereine.

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J’arrive sur un balcon, et, perdu dans mes pensées, je n’entends pas les pas qui se rapprochent derrière moi. Deux nains, durement vêtus et rugueux de visage, m’ont cerné. Mes mains bougent vers l’arme à ma ceinture, mais c’est trop tard. Le son d’une arme à feu enclenchée me fait frissonner, et pourtant ce n’est pas la première fois que ça m’arrive. Une main gantée m’arrache mes deux nouveaux couteaux. Je ne peux m’empêcher pleurer l’investissement gaspillé de quarante pièces d’or.

« Bouge pas. »

Un gant en maille sur l’épaule gauche, un gant en cuir sur le droit, et on me dirige vers la falaise. Ce salaud a du tout prévoir. Jaxon avait dû le prévenir par courrier, l’enfoirée. Je suis abasourdi, et pendant que les explications possibles se bousculent dans mon crâne, mon corps lui est poussé rudement contre la falaise. Mes bottes ne chantent plus de bonheur, mais couinent de désarroi à chaque pas, sachant que cette grimpée serait leur dernière. Une journée passe, et nous arrivons au sommet de Dun Morogh. Le toit des Royaumes de l’Est. Mes deux compagnons n’ont pas pipé un seul mot pendant le trajet. Ils ne m’ont pas autorisé à pisser, donc j’ai fait dans mes guêtres, laissant des gouttes de neige jaunes à mon passage.

Les nuages en contrebas s’ouvrent et se ferment selon les caprices du vent. Je suis au bord du précipice. Une bourrasque révèle mon chemin depuis Hurlevent. S’élever aussi haut pour devoir retomber… le sort en a fini avec moi, il semble. La lune semble acquiescer derrière un voile fébrile.

« Saute. »

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Un corbeau des neiges croasse sans joie dans le vent.

« T’as perdu mon grand. J’sais pas ce que tu espérais faire, seul contre un sénateur qui a une légion de mercenaires à sa botte, mais c’est fini. M’oblige pas à d’voir te pousser. »

Il a gagné. Je ne suis pas fier de ma vie, mais j’aurais voulu me venger plus que tout. J’espère seulement que le dieu de la Vengeance saura me pardonner.

La roche cinquante mètres plus bas, elle, est sans merci.


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Gamh
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Re: Le précipice des nuages.

Super style ! Surtout que si j'ai bien compris, t'as fait ça à partir de vieux screens ? T'avais tout prévu comme un maniaque ? J'ai adoré en tout cas

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Ironail
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Re: Le précipice des nuages.

Huit votes mais une seule réponse!


Caca Wette.

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erragan
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Re: Le précipice des nuages.

j'aime, j'en veux plus ^^

sa se lit tout seul. par contre j'ai pas trop compris pq les 2 mecs débarqués

Je cherche, je fouille et j'y arriverai un jour j'y arriverai...

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Ironail
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Re: Le précipice des nuages.

Moui, j'ai réalisé que j'avais deux nains sur mes photos, donc je les ai introduits comme les mercenaires du Sénateur que le personnage principal veut zigouiller.

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Re: Le précipice des nuages.

Un voleur ce n'est pas censé être assez agile pour faire des grosses chutes et ne pas mourir ?


Hihihihhi
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Ironail
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Re: Le précipice des nuages.

Il n'était pas glyphé -_-°

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Re: Le précipice des nuages.

ha ben non j'ai fait exprès de pas parler de glyphes et de talents pour conserver le coté compte-rendu et toi tu casse tout !

bah du coup .... même sans glyphe un fufu ça fait bien une chute de 50 m sans mourir
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Ironail
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Re: Le précipice des nuages.

D'après le haut fait, tomber de 65 mètres sans mourir, tout le monde peut tomber de cette hauteur non?

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Gamh
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Re: Le précipice des nuages.

Non mais tu pètes les répliques d'Yvalf là, il va te déboite la race >: ( je crois qu'avec Chute Amortie + Glyphe, on peut tomber d'environ 150m, à revérifier, en tout cas c'est le gros kiff

Eleis has quit (Excess Flood)
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