Brokenail, les ongles dans la terre
mar. 29 nov. 2016, 18:30
Le souffle d'Ironail part se mêler aux morceaux de nuages qui drapent la montagne. Il fait froid, et le ciel s'assombrit à vue d’œil. Les carrés des fenêtres du manoir se sont illuminées d'une lueur orange chaude et accueillante, qui le pousse à redoubler d'effort. Mais c'est désormais c'est facile. D'ici, il y a un semblant route pavée jusqu'à l'entrée, et c'est en pente douce descendante. Le jeune tauren se permet même d'aller en roue libre. Erreur: un des pavés est mal scellé, et la petite roulette avant de son Tricyclor gobelin s'enfonce dans le trou. Iro est balancé en avant, et pour ne pas tomber de son fauteuil, il lance un bras un avant. Les ongles dans la terre. Il se relève le buste avec peine, et continue plus doucement.
Ça va faire près de trois ans qu'il n'a plus visité le manoir. Ses amis seraient-ils même encore là, ou remplacés par une nouvelle génération? Et quand bien même, comment le recevraient-ils, lui cet être qui ne pouvait plus qu'essplorer les destinations les plus faciles, eux baroudeurs aguerris dont les kilomètres dans les bottes se comptaient en milliers. Il ferma les yeux, imaginant la pitié dans les leurs. Et puis non. Ils étaient mieux que ça, eux, et lui aussi. Il effectue la petite acrobatie habituelle pour passer le pas de la porte du manoir, qui s'ouvre toute seule devant lui comme elle le fait pour tout habitant connu. Au moins le bâtiment se souvenait de lui.
Le salon de café était accessible de plein pied. Une chance. Les chambres à l'étage, ce serait une autre histoire. Son fidèle sac à dos de voyage accroché derrière l'assise du fauteuil, il se propulse silencieusement vers l'ouverture du salon, d'où sort une lumière orangée chancelante qui trahit un bon feu de cheminée. Il entre calmement, et donne un coup de roue à droite, un coup de freinage à gauche pour négocier un virage autour d'un des grands canapés devant le feu. Un silence abasourdi vient de tomber dans le pièce, à tel point que même la cheminée semble s'être tue.Il enclenche les freins, clac, clac, lève la tête, et affiche le sourire le plus courageux qu'il peut.
"Les amis, cet endroit n'est pas du tout, mais alors pas du tout adapté à mon fauteuil. On a des travaux à faire, non?"